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M. de Bermon, devant la Révolution, se faisait appeler tout simplement le citoyen Picquefeu ; il se faisait aussi le champion de toutes les réformes révolutionnaires en recherchant l'amitié des plus acharnés sans-culottes, se rendant avec eux dans les réunions publiques pour y chanter les refrains nationaux populaires.

Un revirement s'étant produit dans la direction du Gouvernement français, M. de Bermon reprit son rang et son titre, puis il donna, n'ayant pas d'enfant, le château de Neuville en contrat de mariage à sa nièce ou fille adoptive Marie Fontenay (ou Marie Putney) lors de son union avec le colonel Randon de Pully, en réservant l'usufruit à son épouse. Celle-ci, abandonnant ses droits au baron, en 1817, se retira à Glatigny.

Le colonel Etienne Babolin Randon de Pully devint donc maître de Neuville, mais sans cesse en proie à d'énormes difficultés financières, il dut vendre ses biens cinq ans plus tard. Des dissentiments étant survenus entre la municipalité d'Eragny et le baron de Pully au sujet du legs Sébastien de La Grange, il abandonna ses propriétés de Neuville, vendit le château et se retira dans ses terres du Poitou.

C'est au mois de mai 1822 que le vicomte Etienne-Emile Cornudet des Chomettes et la vicomtesse Cornudet, née Eglée-Eugénie Vanlesberghe, achetèrent, au baron de Pully, le château de Neuville, ses dépendances et la Tour de Conflans.

Les Cornudet des Chomettes, magistrats originaires de la Manche, possédaient le château de Crocq dans la Creuse. C'est Etienne-Emile, fils de Joseph comte d'Empire et pair de France, lui-même sous-préfet, conseiller général et député de la Creuse, pair à son tour en 1846 et époux depuis 1821 de la fille d'un riche banquier, Eglé Vanlerberghe, qui racheta au baron de Pully, en 1822, le château et le domaine de Neuville ainsi que ce qui subsistait de la baronnie de Conflans : la vieille tour de Ganes.

Le château et le parc étaient alors en triste état, nous révèlent les inventaires. Aussi Eglé et Emile s'attachèrent-ils à rénover le domaine ; une note sur la terre de Neuville, probablement de la main d'un régisseur, est très éclairante : "La terre de Neuville a été vendue en 1822 par M. le Baron Randon de Pully à M. le Comte et Mme la Comtesse Cornudet. Depuis de longes années cette propriété avait été extrêmement négligée. Le château était dans un état de délabrement complet. Le parc dessiné à la manière de Le Nôtre était jadis couvert de plantations magnifiques... Sous prétexte de le transformer en un parc à l'anglaise on avait abattu tous les plus beaux arbres mais le terrain avait conservé son ancienne forme, c'est-à-dire qu'il s'élevait depuis le bord de l'eau jusqu'à la partie supérieure par larges gradins ou terrasses horizontales à l'exception de la partie dit jardin anglais...

Le premier soin de M. le Comte et de Mme la Comtesse fut de renouveller les plantations. Dès 1823, des travaux considérables furent entrepris au château. La galerie qui comprend le vestibule, la salle à manger et le petit salon furent entièrement rebâtis à neuf. Des boiseries furent refaites dans ces diverses pièces... Toutes les fenêtres de l'aile gauche furent refaites à neuf. Les toitures furent refaites à neuf à l'exception de l'aile droite.

La cour d'honneur fut plantée et arrangée. Une grille en fer remplace l'ancienne porte cochère. Dans le parc, de grands travaux de terrasse furent exécutés, plus de 13 000 m3 de terre furent transportés à l'endroit où se trouvait le puits artésien. Toutes les allées furent tracées avec des points réguliers et solidement empierrées.

De nombreuses plantations furent faites dans tout le parc. En 1832 la chapelle qui était autrefois beaucoup plus grande mais entièrement délabrée, a été reconstruite telle qu'elle est, dallée et décorée à neuf... C'est la même année qu'a été construite l'orangerie. La tour... était un colombier. M. le Comte Cornudet a fait établir au rez-de-chaussée une laiterie voûtée et au-dessus deux étages de grenier. En 1837 le Comte Cornudet a fait forer le puits artésien. L'eau est venue... seulement jusqu'à 4 mètres au-dessous du sol. Il a donc fallu y établir de fortes pompes et un manège... On y a également construit les deux petites pièces d'eau dont l'une est affectée spécialement à l'approvisionnement de tous les robinets... L'autre peut servir à l'irrigation de la prairie inférieure. La basse cour a été réparée... La grande écurie a été réparée... Les stalles et les box construits à neuf. Enfin c'est M. le Comte Cornudet qui a fait faire à ses frais tous les trottoirs qui existent le long du parc de Neuville depuis le chemin de Conflans jusqu'à l'angle du pont ainsi que la route depuis la Croix jusqu'au pont... ".

Le comte Émile Cornudet fit, par contrat, donation du domaine de Neuville à son fils unique, Joseph-Alfred Cornudet des Chomettes, le 23 février 1854, à l'occasion de son mariage avec Valentine de la Redorte.

Le nouveau propriétaire avait été attaché d'ambassade et fut, peu après son mariage, membre du Conseil général de la Creuse et député du département en 1867. Il devint maire de Neuville en 1869.

Le Comte Alfred Cornudet mourut lui-même le 7 juin 1876, laissant trois enfants. Jeanne, qui était née à Neuville en 1859, est morte à Issy (seine) le 24 juin 1921, supérieure des Religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, et deux fils. L'aîné Emile, eut en partage les propriétés de la Creuse dont il fut, après avoir été officier de cavalerie, membre du Conseil Général et député, et qui, en mourant sans postérité, laissait un frère unique, Joseph, sénateur de Seine-et-Oise, maire de Neuville depuis 1888, membre du Conseil Général de Seine-et-Oise depuis 1890, et a été député de ce département depuis 1898 jusqu'à son élection au Sénat en janvier 1924, et qui, de son mariage avec Mademoiselle Jeanne de Villeneuve-Bargemon (décédée en 1907), eut cinq filles (Louise, décédée à l'âge de dix-huit mois, Valentine, décédée dans sa sixième année, Roselyne, épouse du marquis de Chabrillan, Edmée, épouse du marquis de Saint-Chamans et Raymonde, épouse du baron de Beauverger) et six petits-enfants.

Les générations Cornudet n'ont fait qu'embellir, agrémenter, moderniser. Une grosse tranche de travaux eut lieu dans les années 1890 pour l'établissement de la machine à vapeur (pompe à eau), et de gros travaux d'entretien vers 1928 également.

Après la mort de Joseph Cornudet, en 1938, c'est principalement sa fille Edmée de Saint-Chamans, alors veuve du marquis de Saint-Chamans, elle-même maire de Neuville, qui entretint le domaine.

Elle devint l'unique propriétaire du domaine en 1950.

À sa mort en 1959, elle lègue sa fortune à l'Évéché de Versailles et des biens mobiliers à sa nièce Jeanne, fille de Roselyne Cornudet, épouse du marquis de Chabrillan.

En 1960, le comte Bertrand de la Poèze d'Harambure, époux de Jeanne de Chabrillan, rachète le château à l'Évéché de Versailles.

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